Écriture inclusive et clarté… compatibles?

Langage simplifié et langage inclusif peuvent-ils faire bon ménage? Longtemps ignorée, la question est maintenant d’actualité. Si la question est simple, la réponse, elle ne l’est pas. Y a du pour. Y a du contre. Je vous expose tout ça dans une petite liste maison des stratégies d’écriture inclusive et de leurs impacts sur la clarté d’un texte.

 

Pour mieux voir les pour et les contres, je vous expose une petite liste des stratégies d’écriture inclusive et de leurs impacts sur le langage simplifié. Avec bien sûr, à la fin et pour tout résumer, une fiche mémo à télécharger. 
 
Ah, précision: j’ai élaboré cette petite fiche au fil de tests, échanges, formations et lectures. Je n’ai pas mené d’études ni conduit de relectures tests.

Les stratégies et leurs impacts

la double flexion

  • Stratégie: nommer le genre féminin et le genre masculin. 

    Par exemple: les collaboratrices et collaborateurs.
  • Pour et contre:

    Cette stratégie rallonge les textes, mais elle est facile à lire et à comprendre, et donc accessible.
  • Notons aussi cet inconvéniant: elle ne prend en compte que la binarité.

 
Les mots et tournures épicènes

  • Stratégie: utiliser des mots ayant leur propre genre (personnes, gens, population, clientèle, personnel, foule, etc.) ou des tournures neutres («Nous vous invitons» au lieu de «Vous êtes invitées»).
  • Pour et contre:

    Cette stratégie permet de faire des textes généralement faciles à lire. Elle peut cependant rendre le propos un peu abstrait et poser des problèmes de compréhension. Par exemple: le corps enseignant. 

  • Notons aussi cet inconvéniant: sans pour autant avoir le même effet que le masculin universel, les mots épicènes ont aussi tendance - il me semble - à invisibiliser le féminin.

 
Les marqueurs typographiques

  • Stratégie: utiliser le point médian () ou le tiret (-) pour marquer les genres de façon contractée. 

    Par exemple: les collaborateurrices.
  • Pour et contre:

    Cette stratégie est encore mal supportée par les synthèses vocales. Ce qui la rend plutôt inaccessible. De plus, elle peut irriter à la lecture, voire porter à confusion. Par exemple, le mot «professionnelles» peut être lu en 2 mots «professionnel» et «les». À noter que le point médian peut aussi passer inaperçu. Oui j’ai déjà eu le cas, où relectrice a pensé que c’était une tâche sur la feuille.
    Bref, à utiliser avec parcimonie et pour des suffixes simples (-ées). Et si vous l'utilisez, accompagnez vos textes d’une explication. 

 
Le x

  • Stratégie: ajouter un x pour marquer la fluidité des genres. 

    Par exemples : les employéexs ou touxtes.

  • Pour et contre:

    Le x complique la lecture. Il change passablement la forme des mots. Pour les synthèses vocales, il n’est pas très accessible, d’autant plus quand il s’ajoute au point médian. Si vous l’utilisez, accompagnez vos textes d’une explication. 

 
Les mots-valises

  • Stratégie: créer de nouveaux mots à partir du masculin et féminin en cherchant une certaine fluidité.
    Par exemple: les professionnielles, les acteurices, les chercheureuses, iel, celleux, lea. 

  • Pour et contre:
    Les mots-valises ont l'avantage d'être facile à dire. Ils sont donc bons pour les synthèses vocales. Mais ces mots-valises comme tout néologisme peuvent aussi compliquer la lecture. Il faut en effet avoir une certaine aisance pour jouer avec des nouveaux mots.
  • Notons aussi cet inconvéniant: les outils de traduction automatique risquent de ne pas reconnaître le mot et donc de ne pas bien traduire.

Tout dans une fiche

Pour vous aider à peser le pour et le contre, j'ai créé une fiche mémo format A5. Elle synthétise le contenu de cet article.

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Langage inclusif et langage simplifié.p
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